Édition 2006

JEAN GAUMY

« C’est un vrai compagnon de route, il est arrivé de sa Normandie avec quelques photographies de poussettes dans des terrains vagues du côté du Havre et de pêcheurs à côté d’Étretat sur des mers démontées. J’étais séduit par le personnage, angoissé, aimant les gens, fidèle à son monde, jamais satisfait, toujours obsédé à faire mieux, c’est un grand photographe. J’ai un immense respect pour son travail, il aime en plus la folie des hommes et la photographie bien. Il est jeune et mérite une reconnaissance plus importante, un autre jour. J’ai voulu qu’il soit présent parce qu’il dégage cette authenticité qui lui va si bien. »
Raymond Depardon

Au rythme de commandes professionnelles ou de voyages personnels, Jean Gaumy part volontairement à la recherche d’instants de solitude et d’isolement qui répondent à la nécessité de se ressourcer loin des villes et des hommes. L’exposition évoque à travers quelques photographies réalisées sur une dizaine d’années son goût pour des paysages et des lieux déserts, autrefois marqués par les humains, où « tout sans y paraître, bouge, germe et se transforme ». Des montagnes italiennes du Piémont en passant par les falaises du pays de Caux, l’estuaire industriel de la Seine, Fécamp et la côte près de Berck, Jean Gaumy nous invite à la découverte d’un travail très intime et très différent des essais photographiques au sein de huis clos et de petites communautés humaines qui le caractérisent. « Des paysages. Des traces. Des photos sans humains. L’envie d’être un peu seul.On me parle de voyages, de chemins parcourus, moi je pense à « La Route », quelques dizaines de pages écrites par Julien Gracq pour l’ébauche d’un roman sur des destinations hors des réalités. Une route fossile, séculaire, comme un signe engourdi qui vous pousse en avant, indécis entre l’appel et l’absence de tout point d’arrivée.Comme elle, nos photos sont toujours les repères d’un voyage méconnu. On les fait comme on pique des jalons. Photographes Poucets aux façons d’arpenteurs-voyageurs en dérive un peu semblables aux chats : vagabonds, casaniers. Rôdeurs impénitents obsédés par le cadre, la lumière pétrifiée, faiseurs de souvenirs qui traquent les interstices, le regard sur des riens, qui se méfient quand même du danger des photos, de leurs natures mortifères. C’est être un peu voyeur que d’être voyageur, des voyeurs en voyage. Je n’aime pas les villes, surtout celles, énormes, quasi invertébrées. Je préfère leurs confins. Mais j’ai toujours envie de rehauts de lumières, de vents et de marées, de gelées matinales, de nuages frais et tièdes qui pèsent sur le corps comme de gros édredons, de ces épaisses pluies qui dénouent les orages, de bruines scintillantes, de fraîcheur des cavées et de lumières claquantes qui cinglent la grisaille. De chemins défoncés vers des lieux hors du temps. Je ressens par instinct la nécessité de renouer avec les liens naïfs. Notre espèce fait le ménage par le vide et ne laisse guère aux autres de place à ses côtés.
Tous ensemble, nous sommes devenus sourds aux signes que l’univers continue inlassablement à émettre dans le vide. Notre espèce se prépare, si ce n’est déjà fait, à se sentir très seule. »
Jean Gaumy
 

Exposition présentée à l’Atelier de Mécanique et produite par les Rencontres d’Arles. Exposition organisée avec la collaboration de Magnum Photos et le soutien du laboratoire Dupon.

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